Accueil Après-vente Remarketing VO : passez en mode usine !

Remarketing VO : passez en mode usine !

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Réduire le temps d’immobilisation d’un véhicule d’occasion (VO) est pour tout professionnel une idée fixe. Le faire en proposant une qualité de reconditionnement sur les standards VN du constructeur ou de faire une inspection esthétique en trois secondes tenaient jusqu’à ces derniers mois du fantasme. Depuis, les solutions de reconditionnement industrialisé dédiées au VO se multiplient. Elles font appellent à l’intelligence artificielle pour scanner la moindre éraflure, ou vont jusqu’à proposer une intégration de tous les métiers, sur un modèle éprouvé par le leader français de la vente en ligne de véhicules d’occasion.

Après 45 000 VO préparés et reconditionnés depuis son ouverture en 2014, l’usine créée dans la Drôme par AramisAuto fait figure de précurseur dans l’activité de reconditionnement industrialisé de voitures d’occasion. « Il avait suscité beaucoup de curiosité de la part des constructeurs, des distributeurs et même des loueurs », se souvient Yann Brazeau. Cet ancien de PSA sait de quoi il parle, lui qui fut la cheville ingénieriale du site de Donzère, de la conception à la direction opérationnelle.

« Être capable de maîtriser les coûts et les délais »

« Pour une fois, il y avait un lieu capable de reconditionner vite, avec un niveau de qualité incroyablement bon par rapport à ce qui pouvait se faire ailleurs, avec une qualité homogène quel que soit le modèle de véhicule et la capacité de digitaliser l’offre via des rendus photo d’excellente qualité, ainsi que des animations à 360° », complète celui qui, avec son frère Jean-François, a fondé RefitNGIN, spécialisée dans le reconditionnement de véhicules d’occasion à l’état de l’art. « Être capable de maîtriser les coûts et les délais de la chaîne a incité certains distributeurs à créer leurs propres structures, car le VO est devenu stratégique pour les groupes de distribution. »

Effectivement, le groupe Dubreuil a annoncé au printemps 2019 l’ouverture dans la Sarthe d’un deuxième centre de reconditionnement. Dans la foulée, le groupe Vulcain s’est assuré une belle couverture médiatique avec son pôle Services sur une surface de 7 000 m² à Vénissieux (69), regroupant tous les métiers nécessaires en un atelier complet. Le groupe Gemy estime être le premier distributeur français dans le reconditionnement VO industrialisé, avec sa « structure industrielle » de Villevêque (49) et ce depuis 2003. 17 ans plus tard, un nouveau site doit voir le jour dans le Gard. L’ambition du groupe est de porter à 30 000 le nombre de VO préparés par an !

Trigo, l’air de rien

Leader mondial dans la prestation de service qualité, Trigo offre des solutions opérationnelles dans les industries automobile, aéronautique et ferroviaire essentiellement. Les collaborateurs de Trigo interviennent directement sur le contrôle qualité, au sein des usines des clients, sur les lignes de construction. Les services de Trigo permettent de sécuriser la production d’un constructeur ou d’un équipementier automobile. Pour un constructeur, il s’agit aussi d’effectuer de la retouche véhicule, à tout niveau de la ligne d’assemblage. Un axe préventif est également proposé aux clients de Trigo, par exemple dans l’optimisation de la qualité chez les fournisseurs, via de la formation et du conseil.

Un an pour créer l’usine de reconditionnement VO de Trigo

Le précédent paragraphe n’est pas hors sujet. Alors que Trigo se développait depuis 1997 dans la qualité industrielle, l’entreprise vient d’implanter sur 3 000 m² de la commune d’Allenjoie (Doubs) un pilote (proof of concept) d’usine de remarketing VO. Une quinzaine de salariés devait lancer les activités de reconditionnement début octobre 2019, l’entreprise recruterait encore selon certaines annonces vues sur la Toile. « Nous avons de l’inspection évidemment, mais aussi de la remise en conformité si nécessaire », explique Alexa Stefanovic, qui dirige Trigo France. « En externalisant chez nous, l’intérêt pour nos futurs clients est d’augmenter la valeur de leurs VO en les reconditionnant à des prix compétitifs, le tout avec une qualité homogène et des délais rapides », ajoute Mme Stefanovic.

PODCAST A. STEFANOVIC

L’usine Trigo d’Allenjoie possède son propre labo photo, afin de proposer « l’offre la plus complète possible ». Si les investissements consentis ne sont pas communiqués, l’objectif est de se positionner rapidement sur un marché porteur. « Nous souhaitons convaincre de grands acteurs mais aussi des plus petits, car l’usine ne sera évidemment pas saturée dès la première année », observe Alexa Stefanovic. Cela étant, l’objectif d’ici 2023 est de reconditionner 10 000 véhicules par an.

Portique Power

Ces deux dernières années ont confirmé l’attention croissante des professionnels pour le reconditionnement automatisé avec l’apparition de solutions plus ou moins mobile d’inspection esthétique. Qu’on les appelle « arches » ou « portiques », ils conjuguent plusieurs technologies de captation de l’image en très haute définition, de lumière (notamment la déflectrométrie, la projection de franges lumineuses sur  le véhicule et l’analyse automatisé de leurs réflexions) et de data science. Par ordre d’apparition, ils s’appellent ProovStation (WeProov), Tchek et SERI (groupe Lacour).

Sans entrer dans les lignes de codes algorithmiques que les uns et les autres utilisent, leur permettant d’associer à leur story telling les très en vue concepts d’intelligence artificielle et de machine learning, tentons de différencier ces solutions.

PODCAST A. MAÏDA

Sur le positionnement produit, SERI (pour Scan Estimate Result Intelligence) se distingue des deux autres en se focalisant ostensiblement sur le dommage grêle. Normal, quand on est un éditeur de logiciels à destination de tous les intervenants de l’après-vente, des carrossiers aux experts automobiles. Ce qui n’empêcherait pas, selon Angelo Maïda, président du groupe Lacour, d’envisager à plus long terme d’autres applications, comme il l’explique dans le module à écouter en podcast audio ci-dessus.

PODCAST L. CHEVRY

Entre 100 000 et 300 000 euros le portique…

Quant aux deux startups qui se disputent les distinctions (Grand Prix ACF-ESSEC de l’Innovation pour ProovStation, Challenge Valeo décerné à Tchek à VivaTech 2019), les mauvais esprits pourraient avancer que seul le design les distinguent. Avec un peu de pragmatisme, il est possible de leur reconnaître des stratégies de développement commercial assez différentes, ne serait-ce que dans leurs constructions capitalistiques. Reste à savoir quand et à quel prix les professionnels nécessitant une inspection basculeront sur un processus totalement automatisé, mais valant au moins 100 000 euros à l’unité. Même avec des solutions LLD, il faudra du volume pour rentabiliser un portique dans une aire de réception d’un loueur courte durée ou de l’atelier APV d’un concessionnaire !

Un avenir tout tracé

Bien entendu, la notion de reconditionnement en tant que telle n’est pas nouvelle. C’est son aspect industrialisé, faisant appel aux technologies dernier cri du monde digital, qui est ici à retenir. Et l’on comprend bien que tout le secteur du VO est concerné, à condition d’être, comme l’indique Yann Brazeau, « un grand de distribution, un constructeur pour son retail, un marchand VO à professionnels voire un loueur ». Dès que la problématique est de transformer un véhicule d’occasion pour le revendre dans les meilleurs délais avec une meilleure marge, une usine de reconditionnement VO a raison d’être.

« Le reconditionnement VO est distinct de l’APV »

Yann Brazeau estime par ailleurs que cette question est tellement universelle qu’en s’y confrontant, de nombreux groupes de distribution ont compris que l’activité de reconditionnement était suffisamment particulière et complexe, qu’il était préférable de la sortir du giron de l’après-vente. Elles partagent les mêmes données constructeurs et catalogues fournisseurs, mais l’industrialisation nécessite des processus qui sont au mieux très difficiles à implanter dans une concession.

En externalisant cette phase de la vie d’un véhicule, le service atelier pourrait alors se concentrer sur des interventions à plus forte valeur ajoutée. Voyons également dans ce marché à part entière la possibilité de réindustrialiser certains territoires en y créant des emplois, de participer directement à l’économie circulaire et de produire ainsi de la valeur de façon vertueuse.

Ali Hammami

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